Le commandant des FAGN nous autorise à reproduire son édito de la lettre COM.FAG, destinée à l’ensemble du personnel des Forces. Le général y dresse un portrait réaliste de ses unités et des équipages qui les animent.
J’ai visité dernièrement notre groupement de maintien en condition opérationnelle (GMCO) et nos unités aériennes de Montpellier, Amiens, Mayotte, La Réunion, Toulouse, Pamiers, Tarbes, Hyères, Briançon et Digne.
A chaque fois, en métropole comme outre-mer, j’ai rencontré des personnes et des spécialistes totalement engagés dans leur activité aéronautique, le plus souvent passionnés par leurs missions variées au service de la sécurité.
Cette tournée des popotes m’a confirmé dans mon analyse. L’attractivité des FAGN, notre militarité et notre esprit de cohésion, nous permettent aujourd’hui de maintenir une force opérationnelle cohérente et robuste, en dépit des nombreuses tensions apparues ces dernières années notamment sur nos ressources humaines.
Heureusement, la dimension de nos unités aériennes, toujours à taille humaine, la valeur professionnelle des commandants d’unité, qu’il s’agisse d’officiers ou de gradés, et surtout l’attrait incomparable de nos missions permettent aux détachements aériens (DAG) et aux sections aériennes de gendarmerie (SAG) de constituer des environnements de travail et de vie particulièrement appréciés par les militaires et leurs familles.
Pour autant, les tensions en sous-effectifs demeurent fortes. Ainsi :
- Pour la première fois depuis près de vingt ans, l’insuffisance de notre ressource en pilotes fait que certains DAG basculeront l’été prochain de 3 à 2 pilotes, et des SAG outre-mer dotées de deux hélicoptères, passeront de 4 à 3 pilotes.
- D’autres unités ne pourront s’appuyer que sur deux mécaniciens cellule et moteur pour le suivi de la maintenance.
- On observe un rajeunissement rapide des personnels navigants, qui touche autant la population des pilotes que celle des mécaniciens. Cette évolution nous amène à accroître notre vigilance sur les charges de travail et la gestion des périodes de repos physiologique, comme sur la composition des équipages.
- Ce rajeunissement nous impose aussi de reconsidérer certains process quotidiens de vigilance. Désormais, l’autocontrôle doit se compléter par les vérifications croisées. La sécurité aérienne est en effet un impératif prioritaire et doit être préservée, fût-ce au détriment de la disponibilité des aéronefs.
- Nous sommes ainsi amenés à reconsidérer la gestion de notre ressource humaine pour nous dégager davantage de marge de manœuvre et de cohérence.
- Pour renforcer cette cohérence et fidéliser les SOG au sein de la spécialité aéronautique, je veux développer un plan d’action reposant sur deux axes :
> valoriser nos expertises et les efforts de formation (CTS). L’attribution de la prime de haute technicité (PHT) s’inscrit dans ce cadre.
> valoriser la mobilité des spécialistes. A ce sujet j’observe que l’outre-mer, qui reste une formidable opportunité dans un parcours professionnel par l’expérience de vie unique qu’elle procure, la qualité du commandement, celle du logement et la diversité opérationnelle, constitue plus de 20% de nos unités. Ce qui implique la possibilité de réaliser 2 voire 3 séjours ultramarins dans une carrière de spécialiste aéronautique.
Ainsi, nos forces aériennes reposent avant tout sur la cohésion et le sens du collectif des spécialistes.C’est cet esprit collectif, cette capacité à prioriser l’intérêt général face à la pression du particulier, et ce sens du service public aéronautique qui font notre fierté et ont toujours constitué notre ciment et notre force singulière. Dans la perspective des enjeux majeurs qui nous attendent, je serai le gardien de ce sens collectif et l’artisan de la confiance mutuelle qui doit en résulter.
Général Emmanuel JOSSE,
commandant les forces aériennes de la gendarmerie nationale