Du 10 au 12 octobre 2023 avait lieu à Bordeaux, le salon du drone professionnel et nous étions sur place pour découvrir les technologies pouvant intéresser nos lecteurs du milieu du drone bleu, particulièrement dans le domaine de la sécurité.

Nous n’allons pas énumérer l’ensemble des stands que les professionnels de la partie ont pu découvrir à cette occasion, mais plutôt mettre l’accent sur certains d’entre-eux qui nous ont paru particulièrement intéressants, les lecteurs curieux trouveront en bas d’article la liste des exposants présents au salon.

NB : L’article met en exergue un maximum de liens pour faciliter les recherches sur internet et visionner :
les vidéos des constructeurs, exposants et industriels,
conférences qui ont eu lieu sur place au parc des expositions de la ville de Bordeaux (voir les résumés des conférences en fin d’article).

CHRONICS technologies et ses Eco Wings.

Avez-vous entendu parler de l’effet Magnus ? Les cours d’aérodynamique ou de mécanique du vol sont peut-être un peu loin pour certains d’entre nous et c’est une particularité étonnante qui a été remise en avant par l’entreprise grenobloise CHRONICS Technologies pour optimiser les performances des drones.

Les EcoWings, flettners à effet Magnus de CHRONICS – Photo: L.Saintespes

Les Eco Wings pensées par CHRONICS Technologies, sont des rotors Flettner (1) qui grâce à l’effet aérodynamique Magnus, supportent en partie le poids du multirotor lorsqu’il est en mouvement, économisant ainsi l’énergie nécessaire à son maintien.

(1) voir ci-dessous le principe de l’avion d’Anton Flettner.

Cette économie d’énergie, efficace à partir de 5m/s, permet d’atteindre des distances et des temps de vol augmentés de 30% à 50%, ceci sans modifier le comportement de l’aéronef. Quand on sait les difficultés des constructeurs de drones électriques pour gagner quelques minutes supplémentaires de vol, ces Eco Wings peuvent être une initiative intéressante.

Pour les puristes : L’effet Magnus

L’effet Magnus, découvert par Heinrich Gustav Magnus (1802-1870), stipule qu’un cylindre rotatif immergé en travers d’un courant sera soumis à une force perpendiculaire à ce courant.

Quand la vitesse d’un fluide (comme l’air) augmente, sa pression diminue, et réciproquement (Equation de Bernoulli).

La rotation d’un objet placé dans un vent relatif (l’objet se déplace par rapport à l’air ou l’air se déplace par rapport à l’objet) modifie asymétriquement le champ des vitesses autour de l’objet.

Pour être plus précis, une dépression apparaîtra à la surface du cylindre rotatif et cette dépression atteindra sa valeur maximale là où la surface du cylindre se déplace à peu près dans la même direction que le courant, le vecteur de portance étant à peu près perpendiculaire au courant et en direction opposée au cylindre.

Cet effet est exploité par les footballeurs et les tennismen pour modifier la trajectoire de leur ballon/balle et surprendre leur adversaire en adoptant une courbe, mais pour le domaine du transport, il a été mis en valeur à la fois pour les domaines nautiques – projets Buckau (1924), Alcyone (1985), E-ship (2008) et aéronautiques – Plymouth 921-V* (1930).

*Le Plymouth 921-V, est le seul avion à avoir volé grâce à l’effet Magnus. Théorisé par Butler Ames en 1910, il fallut attendre 1930 pour valider, grâce à Anton Flettner et ses rouleaux lisses à disques d’extrémité, des dispositifs aéronautiques basés sur l’effet Magnus. L’ingénieur développera sur cette base les ailes dites Flettner. Aucun pilote d’avion n’ignore qu’on lui doit également l’invention des compensateurs des commandes de vol.

Sur l’effet Magnus : Découvrez la vidéo très explicite de Christophe Finot, professeur de physique à l’université de Bourgogne qui explique le principe de cet effet.

Azur Drones et son système de surveillance EyeTech E2.

Nous avons été vivement intéressés par une station de surveillance développée et conçu en France par Azur Drones (l’entreprise est installé sur Mérignac). Développé pour la protection et la surveillance des sites sensibles. Le système, composé d’un drone quadrimoteur et d’une station de surveillance, est prévu pour accueillir, abriter et recharger automatiquement le drone qui décolle dès qu’une alerte est signalée dans la périphérie de l’espace à protéger.

La station, ici ouverte, après avoir remonté le drone en surface. Photo : L. Saintespes

L’entreprise annonce qu’elle a réalisé plus de 35000 vols opérationnels avec son système, exploité par 250 opérateurs quotidiens, sur quatre années d’expérience ce qui augure d’un savoir-faire indéniable.

Le drone est capable d’embarquer simultanément jusqu’à trois charges utiles dédiées à de nombreux cas d’usages. Le système est ultra-connecté, opérable en 5G, et répond aux standards de qualité aéronautique.

La station dispose d’un temps de charge réglable : une charge rapide pour une utilisation intensive (20+ missions par jour), ou une charge plus lente et une durée de vie maximisée pour des usages de moindre fréquence. Enfin, en cas de gestion de crise avec un besoin de rester en vol plus longtemps, il est désormais possible de permuter en urgence une batterie sur le drone, lui assurant un temps de vol augmenté.

Les caissons sur mesure de BRC ( pour Baie Rack Container).

Les drones sont des matériels sensibles qu’il faut protéger et c’est ce que fait BRC : des caissons sur mesure.
L’entreprise est localisée en Bretagne depuis trente ans et a réalisé plus de 3500 projets dans les domaines aussi variés que l’aéronautique, le spatial et la défense.

Savoir-faire de BRC.
Des conteneurs faits sur mesure, à la demande des clients. Photo : BRC.

En approchant du stand on voit un logo bien connu, celui du GIGN, et pour cause, BRC conçoit, développe et fabrique des caissons sur-mesures permettant le transport, le stockage ou l’utilisation en opérations extérieures de tous matériels et équipements sensibles, et l’armement en fait partie.

Le stand de la Gendarmerie des Transports Aériens.

La Gendarmerie des Transports Aériens (GTA) se devait d’être présente au salon UAV Show, car la compagnie de Mérignac a en charge la sécurité de l’aérodrome où vont être effectuées toutes les présentations en vol lors de la journée du 12 octobre.
Il s’agit de la surveillance d’une opération unique en Europe, menée en coopération avec l’aéroport de Bordeaux *, en mettant en vol dans le même espace des aéronefs pilotés et télépilotés.

* voir l’article du 29 septembre d’Aerobuzz, repris dans nos colonnes sur le sujet : https://aerogend.com/laeroport-de-bordeaux-merignac-souvre-aux-drones/

Si vous ne l’aviez pas vu, le Centre de Production Multimédia de la Gendarmerie Nationale (CPMGN) de Limoges a réalisé une très belle vidéo sur la GTA.

Les constructeurs de drone.

Deux drones ont attiré notre attention dans la catégorie d’élongation supérieure à 100 kilomètres, le UAS100 de Thalès et le SolarXOne de la société guérandaise XSun. Les deux engins adoptent des technologies différentes, une solution hybride pour le premier et électrique/solaire pour le second. Nous avons là deux technologies 100 % françaises aux propriétés différentes par leur conception.

L’UAS 100 de Thalès.
L’UAS100 avec sa silhouette caractéristique. Photo : THALES Group


Thalès a développé ll’UAS 100 en coopération avec Issoire Aviation et Hionos, et avec le soutien du ministère des Armées via l’Agence de l’Innovation de Défense (AID), l’UAS 100 a une architecture à trois fuselages misant sur la technologie hybride. Les fuselages extérieurs contiennent chacun un moteur électrique, tandis que la poutre centrale contient le moteur thermique.

Cette alliance de ces deux moteurs électriques couplés à un moteur thermique garantit la discrétion nécessaire à ses missions et au survol de zones habitées, tout en assurant autonomie et résilience aux défaillances, la panne d’un système de motorisation pouvant être suppléée par un autre.  Le drone fait une envergure de 5,40 mètres, le rayon d’action est compris entre 100 et 300 kms. La charge emportée (payload) est supérieure à 10 kgs, pour une masse à vide de 15kgs.

Présentation du drone en situation aérienne.

La particularité du l’UAS 100 est d’être opérable en environnement à fortes perturbations radioélectriques, voire en situation de brouillage (perte de signal, fortes interférences). La station de contrôle est basée sur la plate-forme digitale ScaleFlyt qui assure à la fois les fonctions de ¹:
geocaging
identification
limitation des interférences
¹ cliquer sur les liens pour avoir l’explicatif des différentes fonctions.

Les partenaires.
C’est Issoire Aviation qui a été chargé de la construction de l’engin, grâce à sa maîtrise de la technologie du carbone et c’est la start-up Hionos qui a réalisé le logiciel de navigation autonome. Le projet est soutenu financièrement par l’Agence de l’Innovation de défense (AID) et la certification est prévue pour la fin 2023. Cette certification permettra au drone d’évoluer en zone peuplée et en s’insérant dans la circulation aérienne.

Le SolarXOne  de XSun

Développé par la société française XSun, le SolarXOne est une machine volante qui mise sur les technologies électrique et solaire. L’appareil est en effet composé d’une double aile portante dotée de panneaux solaires.

Le SolarXOne ne passe pas inaperçu avec une envergure de 5 m. Photo – L.Saintespes.

Les potentialités opérationnelles du drone ont été évaluées lors projet SKÖLL par l’Agence de l’innovation de défense (AID), en partenariat avec la Force maritime des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO) à Lorient.
Voir l’article sur le site de la Défense > https://www.defense.gouv.fr/aid/actualites/skoll-etudier-potentialites-drones-solaires-fusiliers-marins-commandos-marine

L’accent du constructeur est mis sur la discrétion conférée au drone (> à 42 dB) par son alimentation électrique qui lui permet d’effectuer 4 heures consécutives de vol de nuit et jusqu’au 12 heures en vol de jour.

Le drone a une envergure de moins de 5m pour une masse de 25kg capable d’emporter jusqu’à 5kgs de charge utile. Il est mis en œuvre à partir d’une catapulte ou d’un sandow. Le vol est 100% automatique, du décollage à l’atterrissage.


Nous vous mettons une vidéo du constructeur où on peut découvrir les capacités opérationnelles de l’engin, équipé pour cette occasion d’une caméra Octopus (ISR Epsilon 147 G2).

Pour les spécialistes de l’optique , le site Octopus : https://edgeautonomy.io/octopus/ (voir à ce sujet l’étonnante E180MG au capteur numérique 4K de 2160p pour un poids de 3,25kgs ).

Les tables rondes du salon.

Plusieurs tables rondes ont eu lieu lors des deux premiers jours, présentées par Gil Roy du site internet aéronautique AeroBuzz, en partenariat avec Bordeaux TechnoWest et Bordeaux Events And More.
Les vidéos ci-dessous permettent, grâce à la chaîne Jump Seat, à ceux qui n’ont pas faire le déplacement d’en visionner les contenus.

Les drones au service de la protection des populations, des évènements, des sites et des espaces naturels

Comment les drones peuvent-ils sauver des vies ? Les drones face aux sujets d’actualité : quelle fonction face aux feux de forêt et au péril bâtiment ? Quelle évolution pour le drone for good ?


Intervenants : Nicolas BILLECOQ, directeur général d’AZUR DRONES, Stéphane MOREAU, directeur Projets Innovations Techniques DOMOFRANCE, Capitaine ISNER, Chef de service cartographique référent drones SDIS33, Audrey PANN, Product Line Manager Drones THALES, Christophe LACAZE, responsable technique UAS SCALIAN.

https://www.twitch.tv/videos/1947321499

Les drones pour les usages maritimes.

Moins connu que les drones aériens, les drones à usage maritime sont en plein développement. Le point sur la situation actuelle et ses possibilités.

Intervenants : Alexandre LUCZKIEWICZ, directeur du développement technologique et réglementaire du cluster maritime français, Charles LESIRE, directeur de recherche ONERA, Marc LEGER, sous-directeur de la sécurité et de la transition écologique des navires, direction des Affaires Maritimes, Jean-Damien BERGERON, directeur des opérations ABYSSA.

https://www.twitch.tv/videos/1948119184

Le BVOLS en danger.

Drones de longue élongation, comment s’entraîner et réaliser des missions opérationnelles.


Intervenants : Romain BEVILLARD adjoint au directeur du programme drones DSAC/DP DRONES – Sarah LUU THALES – Erik MATYLSLAK, CEO ASMAN TECZCHNOLOGIE – Christel SEGUIN, ingénieur de recherches ONERA.

https://www.twitch.tv/videos/1947426816

Drone vision stratégique 2035.

Transport de passagers et de marchandises imposantes, vertiport : quel retour d’expérience des dix dernières années et quelle projection dans dix ans ?

Intervenants : Michel PINET, chargé de mission surveillance RESEAU GRT GAZ, Simon DRESCHEL, président du directoire / CEO AEROPORT MERIGNAC, Fabien CUZIEUX, directeur du programme drones ONERA, Amine KARRAY, CEO INNOV’ATM, olivier RIGOLLET, directeur Drones Advanced Program THALES, Laurent BERTIEAUX, SATCOM Marketing THALES.

https://www.twitch.tv/videos/1948190952


LISTE des EXPOSANTS présents au salon 2023.

https://www.uavshow.com/catalogue-exposantshttps://www.uavshow.com/catalogue-exposants

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publications similaires